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La Révolution sans prendre le pouvoir ? À propos d’un récent livre de John Holloway

Peut-on parler d’un courant libertaire, comme si un même fil se déroulait à travers l’histoire contemporaine et comme s’il était possible d’y repérer suffisamment d’affinités pour que ce qui l’unit l’emporte sur les différences ? Un tel courant, si tant est qu’il existe, est en effet marqué par un fort éclectisme théorique et traversé d’orientations stratégiques non seulement divergentes, mais souvent contradictoires. Nous retenons cependant l’hypothèse qu’il existe bien un « ton » ou une « sensibilité » libertaire, plus large que l’anarchisme en tant que position politique spécifiquement définie. Ainsi, est-il possible de parler d’un communisme libertaire (illustré notamment par Daniel Guérin), d’un messianisme libertaire (Walter Benjamin), d’un marxisme libertaire (Michaël Löwy, Miguel Abensour), voire un « léninisme libertaire » qui trouverait sa source notamment dans L’État et la Révolution.

Cet « air de famille » (souvent déchirée et recomposée) ne suffit pas à établir une généalogie cohérente. On peut repérer plutôt des « moments libertaire » qui s’inscrivent dans des situations fort différentes et se nourrissent de références théoriques fort distinctes. On peut distinguer à grands traits trois moments forts :

– Un moment constitutif (ou classique) illustré par la trilogie Stirner-Proudhon-Bakounine. L’Unique et sa Propriété (Stirner) et Philosophie de la Misère (Proudhon) ont été publiés au milieu des années 1840. C’est au cours de ces mêmes années que Bakounine s’est formé au fil d’un périple qui l’a conduit de Berlin à Bruxelles en passant par Paris. C’est le moment charnière où s’achève la période de réaction post-révolutionnaire et où se préparent les soulèvements de 1848. L’État moderne y prend forme. Une conscience nouvelle de l’individualité découvre dans la douleur romantique les chaînes de la modernité. Un mouvement social inédit travaille les profondeurs d’un peuple qui se fracture et se divise sous la poussée de la lutte des classes. Dans cette transition, entre « déjà-plus » et « pas-encore », les pensées libertaires flirtent avec les utopies florissantes et avec les ambivalences romantiques. Un double mouvement de rupture et d’attraction envers la tradition libérale se dessine. La revendication par Daniel Cohn-Bendit d’une orientation « libérale-libertaire » s’inscrit dans cette ambiguïté constitutive.

– Un moment anti-institutionnel ou anti-bureaucratique, à la charnière du XIXe et du
XXe siècle. L’expérience du parlementarisme et du syndicalisme de masse révèle alors les « dangers professionnels du pouvoir » et la bureaucratisation qui menace le mouvement ouvrier. On en trouve le diagnostic aussi bien chez Rosa Luxemburg que dans le livre classique de Roberto Michels sur les Partis politiques (1911), dans le syndicalisme révolutionnaire de Fernand Pelloutier et de Georges Sorel, que dans les fulgurances critiques de Gustav Landauer [1]. On en trouve également l’écho dans les Cahiers de la Quinzaine de Péguy, ou dans le marxisme italien d’un Labriola.

– Un troisième moment, post-stalinien, répond aux grandes désillusions du siècle tragique des extrêmes. Plus diffus, mais plus influent que les héritiers directs de l’anarchisme classique, un courant néolibertaire émerge confusément. Il constitue un état d’esprit, un « air du temps » (a mood), plutôt qu’une orientation définie. Il embraye sur les aspirations (et les faiblesses) des mouvements sociaux renaissants. Les thématiques d’auteurs comme Toni Negri ou John Holloway [2] s’inspirent ainsi de Foucault et de Deleuze, bien plus que des sources historiques du XIXe siècle, sur lesquelles l’anarchisme classique lui-même n’exerce guère son droit d’inventaire critique [3].

Entre ces « moments », on peut trouver des passeurs (comme Walter Benjamin, Ernst Bloch, Karl Korsch), qui amorcent la transition et la transmission critique de l’héritage révolutionnaire, « à rebrousse-poil » de la glaciation stalinienne.

Les résurgences et les métamorphoses actuelles de courants libertaires s’expliquent aisément :

– par la profondeur des défaites et des déceptions subies depuis les années trente, et par la prise de conscience des dangers qui menacent de l’intérieur les politiques d’émancipation ;

– par l’approfondissement du processus d’individualisation et l’avènement d’un « individualisme sans individualité », qu’annonçait la polémique de Marx contre Stirner ;

– par les résistances de plus en plus fortes aux dispositifs disciplinaires et aux procédures de contrôle biopolitique intériorisés par des sujets à la subjectivité mutilée par la réification marchande.

Dans ce contexte, en dépit des profonds désaccords que nous allons développer, nous reconnaîtrons volontiers aux contributions de Negri ou de Holloway le mérite de relancer un débat stratégique nécessaire dans les mouvements de résistance à la mondialisation impériale, après un sinistre quart de siècle où ce type de débat était tombé au degré zéro : le refus de se rendre aux (dé)raisons du marché triomphant oscillait alors entre une rhétorique de la résistance sans horizon d’attente, et l’attente fétichiste d’un événement miraculeux. Nous avons abordé ailleurs la critique de Negri et de son évolution [4]. Nous amorçons ici la discussion avec John Holloway, dont le récent livre porte un titre-programme et suscite déjà de vifs débats, tant dans l’espace anglo-saxon qu’en Amérique latine.

Le péché originel de l’étatisme

Au commencement était le cri. La démarche de John Holloway part d’un impératif de résistance inconditionnelle : nous crions ! Non seulement de rage, mais d’espérance. Nous poussons un cri, un cri contre, un cri négatif, celui des zapatistes du Chiapas :
« Ya Basta ! Ça suffit comme ça ! » Un cri d’insoumission et de dissidence. « Le but de ce livre, annonce-t-il d’entrée, est de renforcer la négativité, de prendre le parti de la mouche prise dans la toile d’araignée, afin de rendre le cri plus strident encore » (p. 8). Ce qui rassemble les zapatistes (dont l’expérience hante de part en part le propos de Holloway), « ce n’est pas une composition de classe commune, mais plutôt la communauté négative de leur lutte contre le capitalisme » (p. 164). Il s’agirait donc d’un combat visant à nier l’inhumanité qui nous est imposée pour retrouver une subjectivité immanente à la négativité même. Nul besoin en effet d’une promesse de happy end pour justifier notre refus du monde tel qu’il est. Comme Foucault, Holloway veut rester au ras du million de résistances multiples, irréductibles à la relation binaire entre capital et travail.

Ce parti pris du cri ne suffit pourtant pas. Il faut aussi pouvoir rendre compte de la grande désillusion du siècle passé. Pourquoi tous ces cris, ces millions de cris, des millions de fois répétés, ont-ils laissé debout, plus arrogant même que jamais, l’ordre despotique du capital ? Holloway croit tenir la réponse. Le ver était dans le fruit, le vice (théorique) originellement niché dans la vertu émancipatrice : l’étatisme a rongé dès l’origine le mouvement ouvrier dans la plupart de ses variantes : changer le monde par le biais de l’État aurait ainsi constitué le paradigme dominant de la pensée révolutionnaire soumise dès le XIXe siècle à une vision instrumentale et fonctionnelle de l’État. L’illusion de pouvoir changer la société par le moyen de l’État découlerait d’une certaine idée de la souveraineté étatique. Mais nous aurions fini par apprendre que « le monde ne peut être changé par le biais de l’État », lequel constitue seulement « un nœud dans la toile des rapports de pouvoir » (p. 19). Cet État ne se confond pas avec le pouvoir. Il définirait seulement le partage entre citoyens et non-citoyens (l’étranger, l’exclu, le « refusé du monde » selon Gabriel Tarde, ou le paria selon Arendt). L’État est donc très précisément ce que suggère le mot : « un rempart contre le changement et contre le flux de l’agir », ou encore « l’incarnation de l’identité » (p. 73). Il n’est pas une chose dont on puisse s’emparer pour la retourner contre ses détenteurs de la veille, mais une forme sociale, ou, mieux, un procès de formation des rapports sociaux : « un procès d’étatisation du conflit social » (p. 94). Prétendre lutter au moyen de l’État conduirait donc inévitablement à se défaire soi-même. La « stratégie étatiste » de Staline ne représenterait nullement une trahison de l’esprit révolutionnaire du bolchevisme, mais bel et bien son accomplissement : « l’aboutissement logique d’une conception étatiste du changement social » (p. 96). Le défi zapatiste consisterait au contraire à sauver la révolution à la fois de l’effondrement de l’illusion étatique et de l’effondrement de l’illusion du pouvoir.

Avant de pousser plus loin la lecture de son livre, il apparaît d’ores et déjà :

– Que Holloway réduit l’histoire foisonnante du mouvement ouvrier, de ses expériences et de ses controverses, à une marche unique de l’étatisme à travers les siècles, comme si ne s’étaient pas affrontées en permanence des conceptions théoriques et stratégiques fort différentes ; il présente ainsi comme absolument novateur un zapatisme imaginaire, ignorant superbement que le discours du zapatisme réellement existant véhicule, fût-ce à son insu, certaines thématiques anciennes.

– Le paradigme dominant de la pensée révolutionnaire résiderait selon lui un étatisme fonctionnaliste. Soit : à la condition – fort discutable – d’enrôler l’idéologie majoritaire de la social-démocratie (symbolisée par les Noske et autres Ebert) et l’orthodoxie bureaucratique stalinienne sous le titre élastique de la « pensée révolutionnaire ». C’est faire bien peu de cas d’une abondante littérature critique sur la question de l’État, qui va de Lénine et Gramsci aux polémiques actuelles [5], en passant par des contributions incontournables (qu’on y souscrive ou non) comme celles de Poulantzas ou de Altvater.

– Enfin, réduire toute l’histoire du mouvement révolutionnaire à la généalogie d’une « déviation théorique », permet de survoler l’histoire réelle d’un coup d’aile angélique, au risque de souscrire à la thèse réactionnaire (de François Furet à Gérard Courtois) sur la stricte continuité – « l’aboutissement » ! – entre la révolution d’Octobre et la contre-révolution stalinienne. Cette dernière ne fait d’ailleurs l’objet d’aucune analyse sérieuse. David Rousset, Pierre Naville, Moshe Lewin, Mikaïl Guefter (sans parler de Trotski ou de Hannah Arendt, voire de Lefort ou de Castoriadis), sont autrement plus sérieux sur ce point.

Le cercle vicieux du fétichisme ou comment en sortir ?

L’autre source des errements stratégiques du mouvement révolutionnaire tiendrait à l’abandon (ou l’oubli) de la critique du fétichisme introduite par Marx dans le premier livre du Capital. Holloway procède à ce sujet à un rappel utile, bien que parfois approximatif. Le capital n’est autre que l’activité passée (le travail mort) congelé en propriété. Penser en termes de propriété reviendrait cependant encore à penser la propriété comme une chose, dans les termes propres du fétichisme, et ce serait accepter de fait les termes de la domination. Le problème ne résiderait pas dans le fait que les moyens de production soient propriété des capitalistes : « Notre lutte ne vise pas, insiste Holloway, à nous approprier la propriété des moyens de production, mais à dissoudre à la fois la propriété et les moyens de production pour retrouver ou, mieux, pour créer la sociabilité consciente et confiante du flux de l’agir » (p. 4).

Mais comment briser le cercle vicieux du fétichisme ? Le concept, dit Holloway, traite de « l’insupportable horreur » que constitue l’auto-négation de l’agir. Le Capitaldévelopperait avant tout la critique de cette auto-négation. Le concept de fétichisme concentre la critique de la société bourgeoise (de son « monde enchanté ») et celle de la théorie bourgeoise (l’économie politique), en même temps qu’il expose les raisons de leur relative stabilité : l’infernal tourniquet par lequel les objets (argent, machines, marchandises) deviennent sujets, tandis que les sujets deviennent des objets. Ce fétichisme s’insinue dans tous les pores de la société au point que, plus le changement révolutionnaire apparaît urgent et nécessaire, plus il semble devenir impossible. Ce que Holloway résume, d’une formule délibérément inquiétante, comme « l’urgence impossible de la révolution ».

Cette présentation du fétichisme se nourrit de plusieurs sources : la réification selon Lukacs, la rationalité instrumentale selon Horkheimer, le cercle de l’identité selon Adorno, l’humanité unidimensionnelle selon Marcuse. Le concept de fétichisme exprimerait selon lui le pouvoir du capital explosant au plus profond de nous comme un missile libérant mille fusées colorées. C’est pourquoi le problème de la révolution ne serait pas le problème d’« eux » – l’ennemi, l’adversaire aux mille visages – mais d’abord le problème notre problème, le problème que « nous » pose à nous-mêmes ce « nous fragmenté » par le fétichisme.

« Illusion réelle », le fétiche nous emprisonne en effet dans ses rets et nous subjugue. Le statut même de la critique en devient problématique : si les rapports sociaux sont fétichisés, comment les critiquer ? Et qui sont les critiques, quels êtres supérieurs et privilégiés ? Bref, la critique même est-elle encore possible ?

C’est à ces questions que, selon Holloway, prétendait répondre la notion d’avant-garde, la conscience de classe « octroyée » (par qui ?), ou l’attente de l’événement rédempteur (la crise révolutionnaire). Ces solutions reconduisent inéluctablement à une problématique d’un sujet sain ou d’un justicier en lutte contre une société malade : un chevalier du bien susceptible de s’incarner dans le « working class hero » ou dans le parti d’avant-garde.

Une conception « dure » du fétichisme conduirait donc à un double dilemme sans issue : « La révolution est-elle concevable ? Et la critique est-elle encore possible ? » Comment échapper à cette « fétichisation du fétichisme » ? « Qui sommes-nous » donc pour exercer le pouvoir corrosif de la critique ? « Nous ne sommes pas dieu, nous ne sommes pas transcendants » ! Et comment éviter l’impasse d’une critique subalterne, restant sous l’emprise du fétiche qu’elle prétend renverser, dans la mesure où la négation implique la subordination à ce qui est nié ?

Holloway évoque plusieurs solutions :

– La réponse réformiste considérant que le monde ne peut être radicalement transformé : il faudrait se contenter de l’aménager et de le corriger à la marge. La rhétorique postmoderne accompagne aujourd’hui cette résignation de sa petite musique de chambre.

– La réponse révolutionnaire traditionnelle consisterait à ignorer les subtilités et les prodiges du fétichisme pour s’en tenir au bon vieil antagonisme binaire entre capital et travail, et pour se contenter d’un changement de propriétaire à la tête de l’État : l’État bourgeois devenant simplement prolétarien.

– Une troisième voie consisterait, au contraire, à chercher l’espérance dans la nature même du capitalisme et dans son « pouvoir ubiquitaire » (ou multiforme) auquel répond une « résistance ubiquitaire » (ou multiforme) (p. 76).

Holloway croit échapper ainsi à la circularité du système et à son piège mortel en adoptant une version douce (soft) du fétichisme, compris non comme un état, mais comme un processus dynamique et contradictoire de fétichisation. Ce processus serait gros de son contraire : « l’anti-fétichisation » des résistances immanentes au fétichisme même. Nous ne serions pas seulement les victimes objectivées du capital, mais des sujets antagoniques effectifs ou en puissance : « Notre expérience-contre-le-capital » serait ainsi « la négation constante et inévitable de notre existence-dans-le capital »
(p. 90).

Le capitalisme devrait être compris avant tout comme séparation du sujet et de l’objet, et la modernité comme conscience malheureuse de ce divorce. Selon la problématique du fétichisme, le sujet du capitalisme n’est pas le capitaliste lui-même, mais la valeur qui se valorise et devient autonome. Les capitalistes ne sont que les agents loyaux du capital et de son despotisme impersonnel. Or, pour un marxisme fonctionnaliste, le capitalisme apparaîtrait comme un système clos et cohérent, sans issue, à moins que ne survienne le deus ex machina, le grand moment miraculeux du bouleversement révolutionnaire. Pour Holloway, sa faille résiderait au contraire dans le fait que « le capital dépend du travail alors que le travail ne dépend pas du capital » : « l’insubordination du travail est donc l’axe autour duquel tourne la constitution du capital en tant que capital ». Dans la relation de dépendance réciproque mais asymétrique entre le capital et le travail, le travail pourrait ainsi se libérer de son contraire, mais pas le capital (p. 182).

Holloway s’inspire ici des thèses opéraïstes, avancées naguère par Mario Tronti, qui renversait les termes du dilemme en présentant le rôle du capital comme purement réactif à l’initiative créatrice du travail. Dans cette perspective, le travail, en tant qu’élément actif du capital, détermine toujours, à travers la lutte des classes, le développement capitaliste. Tronti présentait sa démarche comme « une révolution copernicienne du marxisme » [6]. Séduit par cette idée, Holloway reste réservé envers une théorie de l’autonomie qui renoncerait au travail du négatif (et, chez Negri, à toute dialectique au profit de l’ontologie), pour faire de la classe ouvrière industrielle un sujet positif et mythique (tout comme la multitude du dernier Negri). Une inversion radicale ne devrait pas, dit-il, se contenter de transférer la subjectivité du capital vers le travail, mais comprendre la subjectivité comme négation et non comme affirmation positive.

Pour conclure (provisoirement) sur ce point, rendons justice à John Holloway de remettre la question du fétichisme et de la réification au cœur de l’énigme stratégique. Il convient cependant de tempérer la portée novatrice de son propos. Si la critique du fétichisme a bien été refoulée par le « marxisme orthodoxe » de la période stalinienne (y compris par Althusser), son fil conducteur n’a pas été rompu pour autant : partant de Lukacs, on en suit la trace chez des auteurs relevant de ce qu’Ernst Bloch caractérisait comme « le courant chaud du marxisme » : Roman Rosdolsky, Jakubowski, Ernest Mandel, Henri Lefebvre (avec sa Critique de la vie quotidienne), Lucien Goldmann, Jean-Marie Vincent (dont le Fétichisme et Société, date de 1973 [7] !), ou, plus récemment, Stavros Tombazos ou Alain Bihr [8].

Insistant sur le lien intime entre procès de fétichisation et d’anti-fétichisation, Holloway retrouve, après bien des détours, la contradiction du rapport social qui se manifeste dans la lutte des classes. à la manière du président Mao, il précise que les termes de la contradiction n’étant pas symétrique, le pole du travail en constitue l’élément dynamique déterminant. C’est un peu l’histoire du gars qui passe son bras derrière sa tête pour s’attraper le nez. On relèvera cependant que l’accent mis sur le processus de « défétichisation » à l’œuvre dans la fétichisation même permet de relativiser (de « défétichiser » ?) la question de la propriété, décrétée, sans plus de précisions, soluble dans « le flux de l’agir ».

S’interrogeant sur le statut de la critique, Holloway n’échappe pas au paradoxe du sceptique qui doute de tout sauf de son propre doute. La légitimité de sa critique reste donc suspendue à la question de savoir « au nom de qui » et de « quel point de vue » (partisan ?) s’énonce ce doute dogmatique (souligné ironiquement dans le livre par le refus de poser un point final) ? Bref, « qui sommes-nous, nous qui exerçons la critique ? » Des marginaux privilégiés, des intellectuels excentrés, des déserteurs du système ? « Implicitement une élite intellectuelle, une sorte d’avant-garde », admet Holloway. Car, à vouloir congédier ou relativiser la lutte des classes, le rôle de l’intellectuel flottant en sort paradoxalement renforcé. On a tôt fait de retomber alors dans l’idée – kautskienne plutôt que léniniste – d’une science apportée « de l’extérieur de la lutte de classe par l’intelligentsia » (par les intellectuels détenteurs du savoir scientifique) ; et non pas, comme chez Lénine, d’une « conscience politique de classe » (non d’une science !) apportée de « l’extérieur de la lutte économique » (non de l’extérieur de la lutte de classe) par un parti (et non point par l’intelligentsia scientifique [9].

Décidément, quel que soit le mot pour le dire, quand on prend le fétichisme au sérieux, on ne se débarrasse plus facilement de la vieille question de l’avant-garde. Après tout, le zapatisme n’est-il pas encore une forme d’avant-garde (et Holloway son prophète) ?

« L’urgente impossibilité de la révolution »

Holloway propose de revenir au concept de révolution « comme question, non comme réponse » (p. 139) L’enjeu du changement révolutionnaire ne serait plus la « prise du pouvoir », mais son existence même : « Le problème avec le concept traditionnel de révolution, c’est peut-être qu’il ne vise pas trop haut, mais trop bas » (p. 20). Or, « la seule façon dont la révolution puisse être désormais pensée, ce n’est pas la conquête du pouvoir, mais sa dissolution ». Fréquemment cités comme référence, les zapatistes ne disent pas autre chose lorsqu’ils affirment vouloir créer un monde d’humanité et de dignité, « mais sans prendre le pouvoir » Holloway admet que cette approche paraît peu réaliste. Si elles n’ont pas visé la prise du pouvoir, les expériences dont il s’inspire n’ont pas davantage – jusqu’à nouvel ordre – réussi à changer le monde. Holloway affirme simplement (dogmatiquement ?) qu’il n’y a pas d’autre alternative.

Cette certitude, si péremptoire soit-elle, ne nous avance guère. Comment changer le monde sans prendre le pouvoir ? « À la fin du livre comme au début, nous confie l’auteur, nous ne savons pas. Les léninistes le savent ou le savaient. Nous ne le savons pas. Le changement révolutionnaire est plus urgent que jamais, mais nous ne savons plus ce que peut signifier une révolution […] Notre non-savoir est le savoir de ceux qui comprennent que ne pas savoir fait partie du processus révolutionnaire. Nous avons perdu nos certitudes, mais l’ouverture à l’incertain est décisive pour la révolution. Nous marchons en nous interrogeant, disent les zapatistes. Nous nous interrogeons, non seulement parce que nous ne connaissons pas le chemin, mais aussi parce que chercher le chemin fait partie du processus révolutionnaire lui-même » (p. 215).

Nous voici au cœur du débat. Au seuil du nouveau millénaire, nous ne savons pas ce que seront les révolutions futures. Mais nous savons que le capitalisme n’est pas éternel et qu’il est urgent de s’en libérer avant qu’il ne nous écrase. C’est le sens premier de l’idée de révolution. Il exprime l’aspiration récurrente des opprimés à leur libération. Nous savons aussi, après les révolutions politiques dont sont issus les États-nations modernes, après les épreuves de 1848, de la Commune, des révolutions vaincues du XXe siècle, que la révolution sera sociale ou ne sera pas. C’est le second sens qu’a pris, depuis le Manifeste communiste, le mot de révolution. Après un cycle d’expériences pour la plupart cuisantes, confrontés aux métamorphoses du capital, nous avons en revanche du mal à imaginer la forme stratégique des révolutions à venir. C’est ce troisième sens du mot qui se dérobe. Ce n’est pas si nouveau : personne n’avait programmé la Commune de Paris, le pouvoir des Soviets, ou le Conseil des milices de Catalogne. Ces formes « enfin trouvées » du pouvoir révolutionnaire sont nées de la lutte même et de la mémoire souterraine des expériences passées.

Depuis la Révolution russe, bien des croyances et des certitudes ont disparu en chemin ? Admettons (bien que je ne sois pas certain de la réalité de ces certitudes généreusement attribuées aux révolutionnaires crédules de jadis). Ce ne serait toujours pas une raison pour oublier les (souvent dures) leçons des défaites et la contre-épreuve des échecs. Ceux qui ont cru pouvoir ignorer le pouvoir et sa conquête ont souvent été rattrapés par lui : ils ne voulaient pas prendre le pouvoir, le pouvoir les a pris. Et ceux qui ont cru pouvoir l’esquiver, l’éviter, le contourner, le cerner, ou le circonvenir sans le prendre, ont trop souvent été broyés par lui. La force processuelle de la « défétichisation » n’a pas suffi à les sauver.

Même les « léninistes » (lesquels ?), dit Holloway, ne savent plus comment changer le monde. Mais ont-ils jamais – à commencer par Lénine lui-même – prétendu détenir ce savoir doctrinaire que Holloway leur attribue. L’histoire est plus compliquée. En politique, il ne saurait y avoir qu’un savoir stratégique : un savoir conditionnel, hypothétique, « une hypothèse stratégique » tirée des expériences passées et servant de fil à plomb, sans quoi l’action se disperse sans but. Cette hypothèse nécessaire n’empêche nullement de savoir que les expériences futures auront toujours leur part d’inédit et d’inattendu, obligeant à la corriger sans cesse. Renoncer au savoir dogmatique, n’est donc pas une raison suffisante pour faire table rase du passé, à condition de sauver la tradition (fût-elle révolutionnaire) du conformisme qui toujours la menace. En attendant de nouvelles expériences fondatrices, il serait en effet imprudent d’oublier avec frivolité ce que deux siècles de luttes, de juin 1848 à la contre-révolution chilienne ou indonésienne, en passant par la révolution russe, la tragédie allemande, ou la guerre civile espagnole, ont douloureusement inculqué.

Jusqu’à ce jour, il n’est pas d’exemple où les rapports de domination ne se soient déchirés à l’épreuve des crises révolutionnaires : le temps de la stratégie n’est pas le temps lisse de l’aiguille sur son cadran, mais un temps brisé, rythmé d’accélérations brusques et de soudains ralentissements. Dans ces moments critiques, ont toujours émergé des formes de dualité de pouvoir posant la question de savoir « qui l’emportera ». Enfin, la crise ne s’est jamais résolue positivement du point de vue des opprimés sans l’intervention résolue d’une force politique (qu’on l’appelle parti ou mouvement) porteuse d’un projet et capable de prendre des décisions et des initiatives déterminantes.

Nous avons perdu nos certitudes, répète Holloway à l’instar du héros incarné par Yves Montand dans un mauvais film (Les Routes du Sud, à partir d’un scénario de Jorge Semprun). Sans doute devons-nous apprendre à nous en passer. Mais, là où il y a lutte (à l’issue par définition incertaine), s’affrontent des volontés et des convictions, qui ne sont pas des certitudes mais des guides pour l’action, exposés aux démentis toujours possibles de la pratique. Oui à « l’ouverture à l’incertain » réclamée par Holloway ; non au saut dans le vide stratégique !

Dans ce vide abyssal, la seule issue à la crise serait l’événement lui-même, mais un événement sans acteurs, un pur événement mythique, déraciné de ses conditions historiques, échappant au registre de la lutte politique pour retomber dans celui de la théologie. C’est ce qu’évoque Holloway lorsqu’il invite son lecteur à « penser en termes d’antipolitique de l’événement, plutôt qu’en termes de politique d’organisation ». Le passage d’une politique de l’organisation à une antipolitique de l’événement cheminerait, selon lui, à travers les expériences de mai 1968, de la rébellion zapatiste, ou de la vague de manifestations contre la mondialisation capitaliste : « Tous ces événements sont des éclairs contre le fétichisme, des festivals d’insubordination, des carnavals de l’opprimé » (p. 215). Le carnaval comme forme enfin trouvée de la révolution postmoderne ?

À la recherche du sujet perdu

Une révolution – un carnaval – sans acteurs ? Holloway reproche aux « politiques de l’identité » de « figer les identités » : l’appel à ce que l’on est censé « être » impliquerait toujours une cristallisation de l’identité, alors qu’il n’y a pas lieu de distinguer entre bonnes et mauvaises identités. Les identités ne prennent sens qu’en situation et de façon transitoire : se revendiquer juif n’a pas la même signification dans l’Allemagne nazie ou aujourd’hui en Israël. En référence à un beau texte où le sous-commandant Marcos revendique la multiplicité des identités qui se croisent et se combinent sous l’anonymat du fameux passe-montagne, Holloway va jusqu’à présenter le zapatisme comme un mouvement « explicitement anti-identitaire » (p. 64). La cristallisation identitaire serait au contraire l’antithèse de la reconnaissance réciproque, de la communauté, de l’amitié et de l’amour : une forme de solipsisme égoïste. Alors que l’identification et la définition classificatoire contribuent aux dispositifs disciplinaires du pouvoir, la dialectique exprimerait le sens profond de la non-identité : « Nous, les non-identiques, combattons cette identification. Le combat contre le capital est un combat contre l’identification, et non un combat pour une identité alternative » (p. 100). Identifier revient à penser à partir de l’être. Penser à partir du faire et de l’agir, c’est, dans un seul et même mouvement, identifier et nier l’identification (p. 102). La critique de Holloway se présente donc comme « un assaut contre l’identité », comme le refus de se laisser définir, classer, identifier : nous ne sommes pas ce que l’on croit, et le monde n’est pas ce que l’on prétend.

Quel sens y a-t-il alors à dire encore « nous » ? Que peut bien recouvrir ce nous de majesté ? Il ne saurait désigner un grand sujet transcendantal (l’Humanité, la Femme, ou le Prolétariat). Définir la classe ouvrière, ce serait la réduire au statut d’objet du capital et la dépouiller de sa subjectivité. Il faudrait donc renoncer à la quête d’un sujet positif : « Comme l’État, comme l’argent, comme le capital, la classe doit être comprise comme un processus et le capitalisme comme la formation toujours renouvelée des classes » (p. 142). L’approche n’est guère nouvelle (pour nous qui n’avons jamais cherché, sous le concept de lutte de classe, une substance, mais une relation). C’est ce processus, toujours recommencé et toujours inachevé, de « formation » qu’a magistralement étudié Edward Thompson dans son livre sur la classe ouvrière anglaise.

Mais Holloway va plus loin. Si la classe ouvrière peut constituer une notion sociologique, il n’existe pas selon lui de classe révolutionnaire. « Notre combat ne vise pas à établir une nouvelle identité, mais à intensifier une anti-identité ; la crise d’identité est une libération » (p. 212) : elle libère une pluralité de résistances et une multiplicité de cris. Cette multiplicité ne saurait être subordonnée à l’unité a priori d’un Prolétariat mythique. Car, du point de vue du faire et de l’agir, nous sommes ceci et cela, et bien d’autres choses encore, suivant des situations et des conjonctures changeantes. Toutes les identifications, si fluides et variables soient-elles, jouent-elles un rôle équivalent dans la détermination des termes et des enjeux de la lutte ? Holloway ne (se) pose pas la question. Se démarquant du fétichisme de la multitude selon Negri, il exprime seulement une crainte, où perce l’énigme stratégique irrésolue : « Insister sur la multiplicité en oubliant l’unité sous-jacente des rapports de pouvoir conduit à une perte de perspective politique », au point que l’émancipation devienne alors « inconcevable ». Dont acte.

Le spectre de l’anti-pouvoir

Pour conjurer cette impasse et résoudre l’énigme stratégique proposée par le sphinx du capital, le dernier mot de Holloway est celui de l’anti-pouvoir : « Ce livre est l’exploration du monde absurde et spectral de l’anti-pouvoir » (p. 38). Il reprend à son compte la distinction développée par Negri entre le « pouvoir-de » (« potentia ») et le « pouvoir-sur  » (« potestas »). Le but serait désormais de libérer le pouvoir-de du pouvoir-sur, l’agir du travail, la subjectivité de l’objectivation. Si le pouvoir-sur se trouve parfois « au bout du fusil », ce ne serait pas le cas du pouvoir-de. La notion même de contre-pouvoir relèverait encore du pouvoir-sur. Or, « la lutte pour libérer le pouvoir-de ne vise pas édifier un contre-pouvoir, mais plutôt un anti-pouvoir, quelque chose de radicalement différent du pouvoir-sur. Les perspectives de révolution centrées sur la prise du pouvoir se caractérisent par leur insistance sur le contre-pouvoir » ; c’est ainsi que le mouvement révolutionnaire se serait trop souvent construit « comme une sorte d’image-reflet du pouvoir, armée contre armée, parti contre parti ». L’anti-pouvoir se définirait en revanche comme « la dissolution du pouvoir-sur » au profit de « l’émancipation du pouvoir-de » (p. 37).

Conclusion stratégique (ou anti-stratégique, si tant est que la stratégie reste étroitement liée au pouvoir-sur ?) : « Il doit être clair à présent que le pouvoir ne peut pas être pris, qu’il n’est pas la propriété d’une personne ou d’une institution particulière », mais qu’il « réside dans la fragmentation des relations sociales » (p. 72). Parvenu à ce point sublime, Holloway contemple avec satisfaction la quantité d’eau sale de la baignoire écopée chemin faisant, mais il s’inquiète un peu tard de savoir « combien de bébés avec » ? (p. 72). La perspective d’un pouvoir des opprimés a en effet été remplacée par un anti-pouvoir indéfinissable et insaisissable, dont on apprendra seulement qu’il est partout et nulle part, comme le centre de la circonférence pascalienne.

Le spectre de l’anti-pouvoir hanterait donc le monde ensorcelé de la mondialisation capitaliste ? Il y a pourtant fort à craindre que la multiplication des « anti » (l’anti-pouvoir d’une anti-révolution et d’une anti-stratégie), ne soit en définitive qu’un piètre stratagème rhétorique, aboutissant à désarmer (théoriquement et pratiquement) les opprimés, sans briser pour autant le cercle de fer du capital et de sa domination.

Un zapatisme imaginaire

Philosophiquement, Holloway trouve chez Deleuze et Foucault une représentation du pouvoir comme « multiplicité de rapports de forces », et non comme relation binaire. Ce pouvoir ramifié se distingue de l’État régalien et de ses appareils de domination. L’approche n’est guère nouvelle. Dès les années soixante-dix, Surveiller et Punir et LaVolonté de Savoir, ont influencé certaines relectures critiques de Marx [10]. Souvent proche de celle de Negri, la problématique de Holloway s’en distingue cependant lorsqu’il lui reproche de s’en tenir à une théorie démocratique radicale fondée sur l’opposition entre pouvoir constituant et pouvoir institué. Cette logique, binaire encore, d’un choc de titans entre la puissance monolithique du capital (l’Empire majuscule) et la puissance monolithique, en dépit de sa diversité, de la Multitude majuscule.

La référence principale de Holloway est l’expérience zapatiste dont il se fait le porte-parole théorique. Le zapatisme apparaît cependant imaginaire, voire mythique, dans la mesure où il ne prend guère en compte les contradictions réelles de la situation politique, les difficultés et les obstacles réels rencontrés par les zapatistes depuis le soulèvement du 1er janvier 1994. S’en tenant au niveau du discours, il ne cherche même pas les raisons de l’échec de leur implantation urbaine. Le caractère novateur de la communication et de la pensée zapatiste est indéniable. Dans un beau livre, L’Étincelle zapatiste, Jérôme Baschet en analyse les apports avec sensibilité et subtilité, sans en nier les incertitudes et les contradictions [11].

Holloway, lui, a tendance à prendre la rhétorique au pied de la lettre.

Pour s’en tenir à la question du pouvoir et du contre-pouvoir, de la société civile et de l’avant-garde, il ne fait guère de doute que, le soulèvement chiapanèque du 1er janvier 1994 (« moment de remise en marche des forces critiques », dit Baschet), s’inscrit dans le renouveau des résistances à la mondialisation libérale confirmé depuis, de Seattle à Gênes en passant par Porto Alegre. Ce moment est aussi le « ground zéro » de la stratégie, un moment de réflexion critique, d’inventaire, de remise en cause, au terme du « court XXe siècle » et de la guerre froide (présentée par Marcos comme une sorte de troisième guerre mondiale). Dans cette situation particulière de transition, les porte-parole zapatistes insistent sur le fait que « le zapatisme n’existe pas » (Marcos), et qu’il n’a « ni ligne, ni recettes ». Ils affirment ironiquement ne pas vouloir s’emparer de l’État, ni même du pouvoir, mais aspirer à « quelque chose d’à peine plus difficile : un monde nouveau ». « Ce qui est à prendre, c’est nous-mêmes », interprète Holloway. Les zapatistes n’en réaffirment pas moins la nécessité d’une « nouvelle révolution » : pas de changement sans rupture.

Soit donc l’hypothèse d’une révolution sans prise du pouvoir, développée par Holloway. À y regarder de plus près, ces formulations sont plus complexes, et plus ambiguës qu’il n’y paraît au premier abord. On peut y voir d’abord une forme d’autocritique des mouvements armés des années soixante et soixante-dix, du verticalisme militaire, du rapport de commandement envers les organisations sociales, des déformations caudillistes. À ce niveau, les textes de Marcos et les communiqués de l’EZLN marquent un tournant salutaire qui renoue avec la tradition cachée du « socialisme par en bas » et de l’auto-émancipation populaire : il ne s’agit pas de prendre le pouvoir pour soi (parti, armée, ou avant-garde), mais de contribuer à le rendre au peuple en soulignant la différence entre les appareils d’État proprement dit, et les rapports de pouvoir inscrits plus profondément dans les rapports sociaux (à commencer par la division sociale du travail entre les individus, les sexes, les intellectuels et les manuels, etc.).

À un second niveau, tactique, le discours zapatiste sur le pouvoir relève d’une stratégie discursive : conscients que les conditions de renversement du pouvoir central et de la classe dominante sont loin d’être réunies à l’échelle d’un pays qui compte trois mille kilomètres de frontière commune avec le géant impérial américain, les zapatistes disent ne pas vouloir ce que, de toute façon, ils ne peuvent atteindre. C’est faire de nécessité vertu, pour s’installer dans une guerre d’usure et dans une dualité durable de pouvoir, du moins à l’échelle d’une région.

À un troisième niveau, stratégique, le discours zapatiste reviendrait à nier carrément l’importance de la question du pouvoir, pour revendiquer simplement l’organisation de la société civile. Cette position théorique reproduirait la dichotomie entre société civile (mouvements sociaux) et institution politique (électorale notamment). La première serait vouée à un rôle de pression (de lobbying) sur des institutions que l’on se résigne à ne pas pouvoir changer.

Inscrit dans des rapports de forces nationaux, régionaux, et internationaux peu propices, le discours zapatiste joue de ces différents registres et la pratique zapatiste navigue habilement entre différents écueils. C’est absolument légitime, à condition de ne pas prendre pour argent comptant des énoncés qui participent du calcul stratégique auquel ils se prétendent étranger : les zapatistes eux-mêmes savent bien qu’ils gagnent du temps ; ils peuvent relativiser dans leurs communiquées la question du pouvoir, mais ils savent bien que le pouvoir réellement existant de la bourgeoisie et de l’armée mexicaine, voire celui du « colosse du Nord », ne manquera pas, si l’occasion se présente, d’écraser l’insurrection indigène du Chiapas comme les guérillas colombiennes. En donnant du zapatisme une image passablement angélique, au prix d’une mise à distance de toute histoire et de toute politique concrète, Holloway entretient des illusions dangereuses. Non seulement la contre-révolution stalinienne ne joue aucun rôle dans son bilan du
XXe siècle, mais toute l’histoire vient, chez lui comme chez un François Furet, des idées justes ou fausses. Il se permet ainsi un bilan pour solde de tout compte : ni réforme, ni révolution, puisque « les deux expériences ont échoué, la réformiste comme la révolutionnaire ». Le verdict est pour le moins expéditif, grossiste (et grossier), comme s’il n’existait que deux expériences symétriques, deux voies concurrentes et également faillies ; et comme si le régime stalinien (et ses copies) était imputable à « l’expérience révolutionnaire », et non à la contre-révolution thermidorienne. Selon cette étrange logique historique, on pourrait aussi bien proclamer que la voie de la Révolution française a échoué, comme celle de la révolution américaine, etc. [12].

Il faudra bien oser aller au-delà de l’idéologie, plonger dans les profondeurs de l’expérience historique, pour renouer les fils d’un débat stratégique enseveli sous le poids des défaites accumulées. Au seuil d’un monde en partie inédit, où le nouveau chevauche l’ancien, mieux vaut reconnaître ce qu’on ignore, et se rendre disponible aux expériences à venir, que de théoriser l’impuissance en minimisant les obstacles à franchir.

Contretemps n° 6, février 2003

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Notes

[1] Voir Michaël Löwy, Utopie et Rédemption, Paris, Puf.

[2] Voir notamment Michaël Hardt et Toni Negri, Empire, Paris, Exils, 2000. Et John Holloway, Change the World Without Taking Power [Changer le monde sans prendre le pouvoir], Londres, Pluto Press, 2002. Traduction espagnole : Cambiar el Mundo sin tomar el Poder, Buenos Aires, collection Herramienta, 2002.

[3] Il est même frappant de constater à cet égard que le rapport à l’héritage dans cette mouvance est beaucoup plus respectueux (voire cérémonieux) et moins critique que les « retours à Marx » d’un néomarxisme hétérodoxe.

[4] Voir Daniel Bensaïd, La Discordance des temps, Paris, Éditions de la Passion, 1995 ; Résistances. Essai de taupologie générale, Paris, Fayard, 2001 ; des articles dans Contretemps n° 2 et dans la revue italienne Erre n° 1 (sur la notion de multitude) ; enfin, une contribution à paraître en anglais dans un recueil des éditions Verso.

[5] Voir le dossier publié dans Contretemps n° 3.

[6] Holloway ne s’aventure guère dans un examen critique de cette révolution copernicienne. Un quart de siècle après, une évaluation est pourtant possible, ne serait-ce que pour éviter de répéter les mêmes illusions théoriques et les mêmes erreurs pratiques, en habillant le même discours d’une terminologie rénovée. Voir à ce sujet la contribution de Maria Turchetto sur « la trajectoire déconcertante de l’opéraïsme italien » (in Dictionnaire Marx contemporain, sous la direction de Jacques Bidet et Eustache Kouvélakis, Paris, Puf, 2001) ; ainsi que Steve Wright, Storming Heaven. Class Composition and Struggle in Italian Autonomist Marxism, Londres, Pluto Press, 2002.

[7] Jean-Marie Vincent, Fétichisme et Société, Paris, Anthropos, 1973.

[8] Stavros Tombazos, Les Temps du Capital, Cahiers des saisons, Paris, 1976. Alain Bihr, La Reproduction du capital (deux tomes), Lausanne, Page 2, 2001.

[9] Voir Daniel Bensaïd, « Leaps ! Leaps ! Leaps ! », International Socialism n° 95, été 2002.

[10] C’était, parmi bien d’autres, mon cas dans le livre significativement intitulé La Révolution et le Pouvoir (Paris, Stock, 1976), dont l’avertissement introductif (qui me fut reproché par certains camarades) disait : « La première révolution prolétarienne a donné sa réponse au problème de l’État. Sa dégénérescence nous a légué celui du pouvoir. L’État est à détruire et sa machinerie à briser. Le pouvoir est à défaire, dans ses institutions et ses ancrages souterrains. Comment la lutte par laquelle le prolétariat se constitue en classe dominante peut-elle, malgré la contradiction apparente, y contribuer ? Il faut reprendre l’analyse des cristallisations du pouvoir dans la société capitaliste, suivre leurs résurgences dans la contre-révolution bureaucratique, chercher dans la lutte des classes exploitées les tendances par lesquelles la socialisation et le dépérissement du pouvoir peuvent l’emporter sur l’étatisation de la société » (p. 7).

[11] Jérôme Baschet, L’Étincelle zapatiste – Insurrection indienne et résistance planétaire, Paris, Denoël, 2002 et sa contribution à ce numéro de Contretemps.

[12] Voir dans ce même numéro de Contretemps la contribution critique d’Atilio Boron (traduction de La Selva y la Polis, paru dans Osal, Buenos Aires, juin 2001). Tout en exprimant sa sympathie et sa solidarité envers la résistance zapatiste, il combat la tentation d’en faire un nouveau modèle en masquant ses impasses théoriques et stratégiques.

Fuente:

http://danielbensaid.org/La-Revolution-sans-prendre-le?lang=fr

imagen:

https://lh3.googleusercontent.com/AZEyV4eQUHnHBm3Apq-sSOJag6g3UT-ypVka8fO48n1vjBrFpufdXRTmnG1fopr35GiO=s85

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El agua, como la vida, no es una mercancía

Propuestas de implementación del derecho humano al agua y al saneamiento, y luchas contra la privatización.

Ecologistas en Acción e Ingeniería sin Fronteras

El lema del 6º Foro Mundial del Agua (FMA), Marsella 2012, proclama ¡Es tiempo de soluciones! Este objetivo se enmarca, además, en el Decenio Internacional para la Acción “El agua, fuente de vida” (2005-2015). Pero la necesidad de dar soluciones a la grave situación de deterioro de los ecosistemas hídricos y el injusto acceso al agua y saneamiento lleva más tiempo aún en la agenda internacional. En este Decenio se quiere priorizar la puesta en marcha de medidas ya contempladas en el Programa 21, aprobado en Río en 1992, y en el Plan de Acción de Johannesburgo de 2002. Llevan más de 20 años implementando las políticas que ahora proclama el FMA y que son, en resumen, el sector privado como modelo a seguir y el mercado como única solución. Además, tenemos los resultados, solo el 0,3% de las nuevas conexiones de agua a nivel mundial han sido realizadas por el sector privado, esta es su eficiencia. Las recetas del FMA han fracasado, solo buscan el beneficio de las corporaciones transnacionales e impulsan el concepto del agua como mercancía.

Las organizaciones de la sociedad civil denuncian la ilegitimidad del FMA al ser organizado por las grandes corporaciones del agua, agrupadas en el World Water Council, y no por los estados al amparo de las Naciones Unidas. Un Foro legítimo sería aquel que ponga en el centro del debate la construcción de un acceso universal al agua bajo principios de eficacia social y ambiental y bajo control democrático. Tendría, también, el deber de abandonar las aventuras fallidas de mercantilización del agua y la privatización de sus servicios que, al fin y al cabo, benefician a unos pocos y condenan a los ecosistemas y a demasiados millones de personas.

No se puede perder más tiempo, es la hora de la sociedad civil, es la hora de escuchar y construir desde la ciudadanía y para la ciudadanía, debemos avanzar hacia una mayor justicia social y ambiental en el agua. Las organizaciones sociales, ambientales, ONG, sindicatos, etc. han reclamado durante años el reconocimiento del acceso universal a una fuente segura de agua y al saneamiento como derecho humano, implementado con gestión pública, participación y control social. Esta propuesta ha sido bloqueada repetidamente por el FMA y, especialmente, por aquellos países que trabajan para los intereses de las principales empresas transnacionales del agua. A pesar del bloqueo, y a iniciativa de Bolivia, con el apoyo de distintos países [1], la Asamblea General de Naciones Unidas reconoció en 2010 el derecho humano al agua y al saneamiento. Por fin, y en pleno siglo XXI, se daba un paso más a nivel internacional: se reconocía que el agua es un derecho básico para la vida y la dignidad de las personas. La implementación de este derecho es lo que ahora está en cuestión, ¿podemos dejar al mercado y a las grandes corporaciones que decidan sobre cómo y quién debe garantizar un derecho humano?, ¿es coherente por parte del Gobierno español reconocer el derecho humano al agua en Naciones Unidas e impulsar políticas de mercantilización del agua en España?

La globalización neoliberal está poniendo en manos de grandes empresas transnacionales el control de las fuentes de agua para la actividad extractiva, ya sea minería o explotación de hidrocarburos, para la agroindustria, para las grandes presas hidroeléctricas, para la industria turística, etc. Este dominio está dejando sin fuentes de agua y sin ecosistemas hídricos a una parte importante de la población rural, especialmente en los países del Sur global. Por otro lado, los tímidos logros conseguidos en el Norte están cada vez más en riesgo. Pero el agua no sólo tiene interés como medio de producción, también tiene un elevado valor económico, tanto en su faceta de objeto de consumo, y de ahí el crecimiento de las compañías embotelladoras de agua, como en la gestión del abastecimiento y el saneamiento.

La privatización de los servicios de abastecimiento urbano se impulsó desde la década de los ochenta en los países del Sur. Los argumentos para esta medida, que se calificaba como técnica, se basaban en la eficiencia, transparencia, la inversión y transferencia de tecnología que aportaban las empresas de capital privado frente a la supuesta inoperancia del sector público. Además, por si había algún gobierno reticente, esta política se imponía desde las Instituciones Financieras Internacionales, como el Fondo Monetario Internacional y el Banco Mundial, mediante los Planes de Ajuste Estructural para el pago de las deudas que atenazaban a estos gobiernos en la citada década de los ochenta. El resultado, después de más de 30 años de experiencia, es que las ventajas de la gestión privada han sido inexistentes, el mismo Banco Mundial lo reconoció en el Foro Mundial del Agua de México en 2006, pero las sigue promoviendo.

Utilizar un bien básico para la vida como un producto de mercado, y que una empresa obtenga con ello el máximo beneficio, genera impactos tremendos sobre las mayorías sociales que viven por debajo del umbral de la pobreza. La respuesta por parte de esta población fue un rechazo contundente a estas políticas: en América Latina, Suez, Bechtel y otras grandes corporaciones privadas del agua fueron expulsadas, se rescindieron sus contratos por incumplimiento, se han incluido artículos en diversas constituciones donde se reconoce el derecho humano al agua y su gestión se indica que debe ser pública. En Europa, Francia ha iniciado un proceso de retorno a la gestión pública en grandes ciudades, por ejemplo Paris y Grenoble. En Holanda, tal y como recoge su legislación, toda la gestión del agua debe ser pública, fuera de lógicas mercantiles.

Mientras el mundo empieza a responder a estas políticas fallidas de privatización, el Estado español las impulsa. Maude Marlow definió el agua como el oro azul, en estos momentos, es la mejor calificación que se puede dar a este bien común en España. No tanto por el valor económico que tiene su control estratégico en los regadíos y las hidroeléctricas, que también, sino porque la venta de su gestión pública en abastecimientos urbanos a operadores privados está sirviendo para saldar las abultadas deudas de los gobiernos municipales. Deudas que no tienen que ver, en absoluto, con la gestión del agua sino más bien con la falta de ingresos de los municipios. A grandes rasgos, la historia que sucedió en los países del Sur se repite aquí, se venden los servicios públicos de agua y saneamiento como parte de las políticas de ajuste para reducir la deuda de los municipios. En León, Avilés, Lugo, Jerez, Madrid, etc. se ha vendido, o se está en proceso de vender, este servicio con el fin de obtener una buena inyección de liquidez a costa de mercantilizar un servicio público básico para la población. Los servicios públicos son un legado de la ciudadanía a los responsables por un corto período de tiempo, no tienen la legitimidad para dilapidar un patrimonio que no les pertenece.

A medida que crece la ola privatizadora, tanto en nuestro país como en el resto de Europa, también está creciendo la oposición social. Se están creando plataformas y redes muy activas que multiplican esfuerzos para informar y movilizar a la ciudadanía contra la mercantilización del agua y por el derecho humano al agua y al saneamiento. Ejemplos como el de Italia, donde a través de un referéndum se ha conseguido frenar la privatización del abastecimiento a poblaciones, representan una victoria que alienta al resto de luchas. La movilización social no sólo genera una resistencia frente a la privatización, también construye propuestas que permitirían hacer realidad que el derecho humano al agua se garantizara en condiciones de igualdad y no discriminación. El primer paso es la incorporación del derecho humano al agua, y la obligatoriedad de la gestión pública del abastecimiento y saneamiento urbano, en la Ley de Aguas española.

La amenaza que supone perder el control público sobre el agua hace necesario informar y formar para la acción. Así, conocer lo que supone el reconocimiento del derecho humano al agua, recordar los aprendizajes de las nefastas consecuencias de la gestión privada en América Latina y la actual ola privatizadora en Europa son factores clave para fortalecer una creciente movilización social. Eso es precisamente lo que persigue esta publicación, avanzar hacia la conservación de los ecosistemas hídricos y la justicia social en el acceso al agua potable y saneamiento. Lo que está en juego es una gestión 100% pública que priorice la función social y ambiental del agua y que promueva la gestión democrática del agua como un bien común.

Fuente:

http://www.ecologistasenaccion.org/article22492.html

Fuente Imagen :

https://lh3.googleusercontent.com/InDpSaWOeOTwYqCqNhefjE2lIJyfhQBoKtZHwxnapqwP_ShHmAKP2JTWMp1xaMhv1mOVMJQ=s85

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Fidel nos mira aun después de muerto

Por: Nestor del Prado

Fidel nos mira aun después de muerto, no porque yo piense que haya vida después de la muerte. Tampoco se trata de un recurso literario para adornar la tristeza, ni para descargar esta tormenta emocional que me sigue oprimiendo el pecho y la garganta; esto último solo el tiempo lo resolverá. Voy a tratar de explicar este título aparentemente de ficción.

Me encontraba escribiendo la respuesta al acertijo de turno en Cubadebate, necesitaba concentración y apagué el televisor. A las 00:51 horas del sábado 26 de noviembre, recibí una llamada en el celular que tenía a mi lado. Era mi querido compañero Melchor, que me preguntó si me había despertado; al comprobar que no sabía la noticia me dijo: “Murió Fidel”; sin pensar le pregunté la fuente de esa noticia tantas veces falseadas. Cuando me explicó lo de la alocución de Raúl, no hubo margen a la esperanza.

Invitados por la Unión de Informáticos de Cuba (UIC) y de Matanzas, estuvimos Melchor Gil, Pepe Fernández, Popi Olivera, Miguel Katrib, Jorge Barrera y yo todo el día 24 de noviembre en Matanzas, rememorando la historia de la computación en Cuba, y en particular nuestras vivencias de la participación de Fidel. La proeza de la producción de la primera computadora cubana; la introducción creciente de la informática en la economía y la sociedad; el papel de la Escuela Vocacional Lenin; los Joven Club; la fundación de la Universidad de las Ciencias Informáticas (UCI); estuvieron entre los temas principales.

El auditorio de todas las edades, pero principalmente de jóvenes., que oyeron hablar de 45 años atrás. La mayoría tenían menos de esa edad.

También nos acompañaron María Esther y Tatiana, vicepresidentas de la UIC, y Fidel Pancorbo, el anfitrión y presidente de la UIC en Matanzas.

Hubo muchas anécdotas de lo dicho y lo hecho por Fidel en estos temas ya mencionados.
Ninguno de los allí presentes imaginábamos que nos separaban poco más de 24 horas de la muerte de Fidel. Fue una especie de homenaje póstumo adelantado y fortuito.

Cuando digo que Fidel nos mira aun después de muerto, es porque seremos nosotros mismos los que nos miraremos con las enseñanzas de Fidel; como dijo el Che, identificados con sus maneras de apreciar los principios y los peligros; con sus lecciones frente a éxitos y fracasos, frente a victorias y reveses. Ya no podremos contar con sus opiniones en tiempo real ante sucesos nuevos; tampoco debemos pretender componer recetas a partir de sus discursos y sus reflexiones, eso sería faltar a su esencial definición del concepto de Revolución.

Martí murió hace más de 120 años, pero fue y seguirá siendo autor intelectual de proezas revolucionarias y ojalá que de sencillas obras en el cumplimiento del deber de cada día. Con Fidel somos nosotros los encargados de que suceda lo mismo. Sus restos mortales descansaran a pocos metros de distancia, en la heroica ciudad de Santiago de Cuba.

No sé si Fidel habrá dejado escrita una reflexión póstuma; ya su leal hermano Raúl, nuestro entrañable Raúl, seguramente nos dirá lo necesario y suficiente en el acto anunciado en la Plaza de la Revolución, el próximo 29 de noviembre.

Quiero terminar estas breves palabras entregando mis sinceras condolencias a Dalia, a Fidelito, Jorge Ángel, Alexis, Alex, Alejandro, Antonio y Ángel.

¡Hasta la victoria siempre!

Fuente: http://www.cubadebate.cu/opinion/2016/11/28/fidel-nos-mira-aun-despues-de-muerto/#.WDzVqRJGT_s

Imagen: http://www.radiorebelde.cu/reflexiones/

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Oro verde, bosques de Guacamole

asiados barcos nuevos para una carga cada vez más escasa. Las empresas navieras operan con buques más grandes para ahorrar sin que se genere carga suficiente para llenarlos”, dice el periodista. Este desequilibrio en aumento provoca el desplome de los precios y pone en peligro la sostenibilidad del transporte marítimo de mercancías, del que depende el 80% del comercio mundial.

El volumen de este comercio no crecía a un ritmo tan bajo y se prevé una caída sostenida. El frenazo de la economía China explica gran parte del estancamiento en el comercio marítimo. Además, el gigante asiático depende cada vez más del comercio y del consumo interno, con una dependencia cada vez menor en el comercio internacional.

Resultará cada vez más difícil llenar los buques porque, incluso con el frenazo en el comercio marítimo, los buques que se han fabricado en los últimos años han aumentado en dimensión “para ahorrar costes”, aunque con resultados contraproducentes. Ante este panorama, pierde su sentido que surquen los mares semejantes monstruos, con lo que conlleva en gastos de mantenimiento, en un elevado consumo de combustibles y de operación de los barcos. Y de contaminación.

Con esta realidad, cabe cuestionar no sólo el crecimiento ilimitado del comercio, sino también el modelo de comercio que permitía pagar menos por una fruta que venía de miles de kilómetros de distancia que por una que se cultiva a pocos kilómetros.

Ha habido grandes avances en las técnicas de refrigeración y de conservación de las mercancías, pero aún se tiran toneladas de productos perecederos cuando llegan a su destino. Además, algunas técnicas de conservación contaminan o dependen de un gran consumo de otros recursos. ¿Qué sentido tiene llenar un buque que recorre leguas para llevar cargamentos que acabarán en contenedores, cuando además la población local puede recurrir a productos más cercanos?

No se pueden despreciar propuestas de consumir productos locales cuando sea posible. Se reducen la contaminación y los desperdicios, se favorece la producción local y se fomenta una agricultura más sostenible y menos agresiva con las tierras. Se reduce la necesidad de talar bosques para cultivar productos como el aguacate. Greenpeace denuncia la tala de bosques en la meseta Purépecha, en Michoacán, de la que depende el 65% de la producción de aguacate de México.

Cada año se pierden entre 600 y 1.000 hectáreas de bosque por esta producción, según el Instituto Nacional de Investigaciones Forestales, Agrícolas y Pecuarias (INIFAP). La secretaría de Urbanismo y Medio Ambiente de Michoacán estima que los cultivos ilegales de aguacate ocupan unas 20.000 hectáreas. El 85% del aguacate mexicano acaba en Estados Unidos y, a pesar del discurso proteccionista de Donald Trump, no parece probable una prohibición del guacamole ni una significativa reducción en su consumo.

Un comercio a una escala más pequeña para consumir productos locales también contribuiría a disminuir tensiones y conflictos; se dejaría de expulsar a la gente de sus tierras, la tala ilegal perdería fuerza y desaparecerían ciertas mafias que cometen violaciones de derechos humanos con el consentimiento de algunos gobiernos.

No se puede pregonar una economía libre de mercado y luego pretender que los gobiernos respalden de forma indefinida el transporte de mercancías en pérdidas por las dificultades a las que se enfrenta el sector, como ocurre muchas veces.

Este respaldo de los gobiernos se produce en el accionariado de las empresas de Armadores o mediante la concesión de ayudas públicas o líneas de crédito. El gobierno de Taiwán acaba de rescatar con casi 1.800 millones a sus gigantes navieros para evitar su colapso.

Se comprende la protección de trabajadores que pierden su fuente de ingresos, pero al final se produce lo que se vende y se vende lo que se produce. A largo plazo se tendrán que poner en marcha modelos de comercio sostenibles y adaptados a la realidad: un mundo en recesión con grandes problemas de medioambiente y tensiones internacionales.

Ecoportal.net

Fuente:

http://www.ecoportal.net/Temas-Especiales/Desarrollo-Sustentable/Oro-verde-bosques-de-Guacamole

Imagen:

https://lh3.googleusercontent.com/a5hvud_ljUYZsVh_99dtoh8fk__ybNnf-ICwb6PG_jEMoZgoz2nSPriSH5oAp9BNsUPx=s98

 

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El estado de vigilancia en los países libres

 Por Noam Chomsky *

En los últimos tiempos, hemos aprendido mucho sobre la naturaleza del poder del Estado y las fuerzas que impulsan sus políticas, además de aprender sobre un asunto estrechamente vinculado: el sutil y diferenciado concepto de la transparencia.

La fuente de la instrucción, por supuesto, es el conjunto de documentos referidos al sistema de vigilancia de la Agencia Nacional de Seguridad (NSA, por sus siglas en inglés) dados a conocer por el valeroso luchador por la libertad, el señor Edward J. Snowden, resumidos y analizados de gran forma por su colaborador Glenn Greenwald en su nuevo libro No Place to Hide (Sin lugar donde esconderse).

Los documentos revelan un notable proyecto destinado a exponer a la vigilancia del Estado información vital acerca de toda persona que tenga la mala suerte de caer en las garras del gigante, que viene a ser, en principio, toda persona vinculada con la moderna sociedad digital.

Nada tan ambicioso fue jamás imaginado por los profetas distópicos que describieron escalofriantes sociedades totalitarias que nos esperaban.

No es un detalle menor el hecho que el proyecto sea ejecutado en uno de los países más libres del planeta y en radical violación de la Carta de Derechos de la Constitución de Estados Unidos, que protege a los ciudadanos de persecuciones y capturas sin motivo y garantiza la privacidad de sus individuos, de sus hogares, sus documentos y pertenencias.

Por mucho que los abogados del gobierno lo intenten, no hay forma de reconciliar estos principios con el asalto a la población que revelan los documentos de Snowden.

También vale la pena recordar que la defensa de los derechos fundamentales a la privacidad contribuyó a provocar la revolución de independencia de esta nación. En el siglo XVIII el tirano era el gobierno británico, que se arrogaba el derecho de inmiscuirse en el hogar y en la vida de los colonos de estas tierras. Hoy, es el propio gobierno de los propios ciudadanos estadounidenses el que se arroga este derecho.

Todavía hoy Gran Bretaña mantiene la misma postura que provocó la rebelión de los colonos, aunque a una escala menor, pues el centro del poder se ha desplazado en los asuntos internacionales. Según The Guardian y a partir de documentos suministrados por Snowden, el gobierno británico ha solicitado a la NSA analizar y retener todos los números de faxes y teléfonos celulares, mensajes de correo electrónico y direcciones IP de ciudadanos británicos que capture su red.

Sin duda los ciudadanos británicos (como otros clientes internacionales) deben estar encantados de saber que la NSA recibe o intercepta de manera rutinaria routers, servidores y otros dispositivos computacionales exportados desde Estados Unidos para poder implantar instrumentos de espionaje en sus máquinas, tal como lo informa Greenwald en su libro.

Al tiempo que el gigante satisface su curiosidad, cada cosa que cualquiera de nosotros escribe en un teclado de computadora podría estar siendo enviado en este mismo momento a las cada vez más enormes bases de datos del presidente Obama en Utah.

Por otra parte y valiéndose de otros recursos, el constitucionalista de la Casa Blanca parece decidido a demoler los fundamentos de nuestras libertades civiles, haciendo que el principio básico de presunción de inocencia, que se remonta a la Carta Magna de hace 800 años, ha sido echado al olvido desde hace mucho tiempo.

Pero esa no es la única violación a los principios éticos y legales básicos. Recientemente, el The New York Times informó sobre la angustia de un juez federal que tenía que decidir si permitía o no que alimentaran por la fuerza a un prisionero español en huelga de hambre, el que protestaba de esa forma contra su encarcelamiento. No se expresó angustia alguna sobre el hecho de que ese hombre lleva doce años preso en Guantánamo sin haber sido juzgado jamás, otra de las muchas víctimas del líder del mundo libre, quien reivindica el derecho de mantener prisioneros sin cargos y someterlos a torturas.

Estas revelaciones nos inducen a indagar más a fondo en la política del Estado y en los factores que lo impulsan. La versión habitual que recibimos es que el objetivo primario de dichas políticas es la seguridad y la defensa contra nuestros enemigos.

Esa doctrina nos obliga a formularnos algunas preguntas: ¿la seguridad de quién y la defensa contra qué enemigos? Las respuestas ya han sido remarcadas, de forma dramática, por las revelaciones de Snowden.

Las actuales políticas están pensadas para proteger la autoridad estatal y los poderes nacionales concentrados en unos pocos grupos, defendiéndolos contra un enemigo muy temido: su propia población, que, claro, puede convertirse en un gran peligro si no se controla debidamente.

Desde hace tiempo se sabe que poseer información sobre un enemigo es esencial para controlarlo. Obama tiene una serie de distinguidos predecesores en esta práctica, aunque sus propias contribuciones han llegado a niveles sin precedentes, como hoy sabemos gracias al trabajo de Snowden, Greenwald y algunos otros.

Para defenderse del enemigo interno, el poder del Estado y el poder concentrado de los grandes negocios privados, esas dos entidades deben mantenerse ocultas. Por el contrario, el enemigo debe estar completamente expuesto a la vigilancia de la autoridad del Estado.

Este principio fue lúcidamente explicado años atrás por el intelectual y especialista en políticas, el profesor Samuel P. Huntington, quien nos enseñó que el poder se mantiene fuerte cuando permanece en la sombra; expuesto a la luz, comienza a evaporarse.

El mismo Huntington lo ilustró de una forma explícita. Según él, “es posible que tengamos que vender [intervención directa o alguna otra forma de acción militar] de tal forma que se cree la impresión errónea de que estamos combatiendo a la Unión Soviética. Eso es lo que Estados Unidos ha venido haciendo desde la doctrina Truman, ya desde el principio de la Guerra Fría”.

La percepción de Huntington acerca del poder y de la política de Estado era a la vez precisa y visionaria. Cuando escribió esas palabras, en 1981, el gobierno de Ronald Reagan emprendía su guerra contra el terror, que pronto se convirtió en una guerra terrorista, asesina y brutal, primero en América Central, la que se extendió luego mucho más allá del sur de África, Asia y Medio Oriente.

Desde ese día en adelante, para exportar la violencia y la subversión al extranjero, o aplicar la represión y la violación de garantías individuales dentro de su propio país, el poder del Estado ha buscado crear la impresión errónea de que lo que estamos en realidad combatiendo es el terrorismo, aunque hay otras opciones: capos de la droga, ulemas locos empeñados en tener armas nucleares y otros ogros que, se nos dice una y otra vez, quieren atacarnos y destruirnos.

A lo largo de todo el proceso, el principio básico es el mismo. El poder no se debe exponer a la luz del día. Edward Snowden se ha convertido en el criminal más buscado por no entender esta máxima inviolable.

En pocas palabras, debe haber completa transparencia para la población pero ninguna para los poderes que deben defenderse de ese terrible enemigo interno.

* Traducción de Jorge Majfud.

Fuente:

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=217194

Fuente imagen:

 

https://lh3.googleusercontent.com/xJgc1dDnXnTApIzk6ScP2RQO35Sf-F_8-RRr_Lbi99DbTaDShZl_Gi4j_17ZR5yw_9xtQQ=s85

 

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Manual de tonterías sobre la inflación en Venezuela

Manual de tonterías sobre la inflación en Venezuela

 

celag.org

 

 

Me han llamado hasta “primitivo” por afirmar que la inflación no se puede explicar en exclusividad por la creación del dinero. Lo vuelvo a repetir para aquellos que no quieren escuchar ni leer: la masa monetaria influye en el nivel de precios, pero eso no significa que sea la única variable determinante.

Nadie niega que los precios en Venezuela sean un problema. Precisamente por ello, esta cuestión no puede ser tratada con tanta frivolidad. La conformación de precios es un problema infinitamente más complejo que una relación unívoca entre dos variables. Los precios no caen del cielo ni se determinan en ningún software matemático. La famosa mano invisible no existe. Cada precio tiene su razón de ser.

En Venezuela, desde hace varias décadas, la inflación se constituyó como un componente estructural de la economía. La inflación promedio anual en el periodo 1989-1998 fue de 52,45%. Con la llegada del chavismo, este valor se redujo significativamente, con la excepción de los últimos años. En el periodo 1999-2012, el crecimiento promedio anual de los precios fue del 22%. Fue a partir del año 2013 cuando esta tendencia a la baja desapareció. Los precios volvieron a crecer a mayor velocidad. La inflación trepó al 56,2% en el año 2013; 68,5% en el 2014; 180,9% en el 2015.

Para algunos neoliberales de manual (monetarista) todo se debe a que el chavismo usa demasiado la maquinita para imprimir bolívares. ¿Es eso verdad?, ¿es todo culpa de la emisión monetaria? No. Definitivamente no. No todo se debe al aumento de los agregados monetarios. Numéricamente es muy sencillo demostrarlo. Observemos algunos casos para darnos rápidamente cuenta de que no hay relación directa entre lo uno y lo otro. Es cierto que en el año 2015 la inflación fue elevada (180,9%) y el crecimiento de la emisión monetaria también (100,66%). Sin embargo, esto no siempre fue así. Miremos el año 2006: con mayor velocidad de creación de dinero (104,34%), la inflación fue relativamente baja (17%). O veamos el año 1996, antes del chavismo, la inflación del 103% se alcanzó con un crecimiento de la masa monetaria del 55%. Se mire por donde se mire, no hay relación simplista entre precios y dinero en circulación.

Y, además, podemos encontrar infinitos ejemplos en el mundo que ponen de manifiesto que no es cierto que la masa monetaria sea la única causante de la inflación. En Argentina, en el lapso 2007-2013, las tensiones inflacionarias fueron constantemente independientes del crecimiento de la base monetaria. En Estados Unidos, entre 2008-2012, la emisión monetaria fue de casi el 160% y el índice de precios no sobrepasó el 10,3% en ese periodo. En Reino Unido; hubo periodos de emisión alrededor del 200% y los precios crecieron en 16,4%. En Brasil; con expansión monetaria del 123%, los precios crecieron el 27,6%. En la Unión Europea, luego de una emisión sin parangón, por ejemplo 1,6 billones de euros en un año y medio, la inflación sigue por debajo del 2%. Como se puede observar, la determinación de los precios es mucho más compleja que una ecuación reduccionista en base al dinero en circulación.

El otro gran mantra es echarles la culpa directamente a los trabajadores. ¿Será verdad que el incremento salarial es el causante de la inflación como dice el manual de tonterías del neoliberalismo? Tampoco. Absolutamente falso. Y mucho menos para el caso venezolano. Los incrementos salariales llevados a cabo por la Revolución Bolivariana en este último periodo de tiempo han ido detrás de los precios. Han corrido tras la inflación para que no hubiera pérdida del poder adquisitivo. Esta espiral tiene una determinada secuencia: primero, el incremento de precios, luego, las subidas salariales. Decir lo contrario es, además de falso, muy injusto porque sería culpabilizar al trabajador del incremento de los precios. Lo que lleva implícito el intento de aplicar la receta neoliberal: bajar salarios para bajar demanda, y, por tanto, lograr controlar la inflación.

Visto lo visto, en Venezuela, para entender la inflación habrá que recurrir a otro tipo de análisis económico, mucho más integral. Aquí seis puntos fundamentales.

  1. Lo primero y principal, es considerar que la inflación es el resultado de una puja distributiva. Detrás de cada incremento de precio, hay quién obtiene mayor margen de ganancia al mismo tiempo que otro sufre pérdida de poder adquisitivo. Si el consumidor necesita un bien, lo pagará hasta donde le permita su salario. Hay bienes que dejarán de ser consumidos, pero otros no. Los bienes necesarios, que no tienen sustitutos, son los que más pesan en el cálculo de la inflación. Son los que más afectan a los bolsillos de los ciudadanos.
  2. Sin lugar a dudas, el coste de producción es una variable fundamental. Ningún precio puede estar por debajo del coste de su producción para el empresario. Esto es algo lógico. Pero esto no significa que el coste de producción pueda ser considerado como una caja negra en la que todo vale. Constantemente hay una inflación de los costes que suele trasladarse al precio final sin razón alguna. En Venezuela, con datos en la mano, existen dos partidas llamadas Costes de Prestación de Servicios y Otros Costes de Venta, que no necesitan justificación, que representan en torno al 25% del total de los costes de producción.
  3. Otro asunto fundamental, olvidado por el Manual de tonterías sobre la inflación en Venezuela, es la influencia que tiene la estructura oligopólica de la oferta sobre la conformación de precios. Son pocas (y grandes) empresas privadas las que tienen un fuerte poder de mercado para fijar precios. Su posición dominante les permite vender un producto a precio excesivo. No hay competencia suficiente para poner en riesgo tal precio abusivo. O lo compras a ese precio o no lo encuentras. La concentración empresarial además de ser injusta es altamente ineficaz en materia de precios.
  4. Y no podemos olvidar el papel de las importaciones en los precios en una economía fuertemente dependiente del exterior. Lo paradójico es que mientras la economía mundial está en una etapa de precios bajos, a Venezuela llegan los productos importados a precios inflados. ¿A qué se debe? Los precios de transferencia tienen la respuesta. Se importa a precios por encima de los marcadores de referencia internacional. De eso, solo se benefician los comisionistas e intermediarios, pero perjudican sobremanera a la población venezolana.
  5. La distribución también tiene mucho que decir en esta problemática. Las cadenas distributivas son grandes formadoras de precios. Se injertan como actor fundamental en las cadenas de valor e incrementan el precio muy por encima de sus verdaderos costes. Apenas generan valor agregado pero sí son responsables del 40% del incremento de los precios. Este fenómeno está aún poco estudiado por la economía convencional a pesar que los distribuidores son importantes agentes económicos con grandes márgenes de ganancia (que se traducen en pérdidas adquisitivas para la ciudadanía).
  6. Y por último, pero no por ello menos importante, el Manual de tonterías sobre la inflación en Venezuela tampoco presta ninguna atención al comportamiento de un marcador ilegal, fijado desde Alabama (Estados Unidos), que sube como la espuma sin ningún criterio económico. El Dólar Today creció en casi 1.500 puntos en menos de dos meses. Esta conducta no obedece a ningún cambio en las variables macroeconómicas del país. Tampoco se corresponde con la evolución del valor del tipo de cambio implícito (relación de bolívares en circulación y las reservas), que ha permanecido estable en estos últimos meses (en torno a 450 Bolívares/Dólar). Solamente podemos encontrar razones políticas tras estos saltos sin razón económica aparente. Este indicador sirve como excusa para que unos pocos grandes empresarios, marquen precios altos a pesar que el Dólar Today afecte únicamente al 5% de las transacciones económicas en el país. Es decir, se utiliza para fijar precios para la gran mayoría de compras, pero está presente en un porcentaje marginal de las operaciones realizadas cotidianamente. Una verdadera estafa que se usa como tractor inflacionario en Venezuela para desestabilizar la economía del país.

En definitiva, la inflación tiene múltiples raíces. No todo se debe a la emisión monetaria, ni a los salarios ni a la inversión social. Tampoco toda la culpa la tiene el Dólar Today, aunque últimamente haya ganado protagonismo. Los precios se forman a partir de un entramado complejo de variables que interactúan en un escenario en el que existen correlaciones de fuerzas económicas; y donde siempre hay intereses políticos. Por tanto, para entender la inflación lo mejor es tirar a la basura cuanto antes ese Manual de Tonterías sobre la inflación en Venezuela.

Fuente: http://www.celag.org/manual-de-tonterias-sobre-la-inflacion-en-venezuela/f

Fuente:

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=219665&titular=manual-de-tonter%EDas-sobre-la-inflaci%F3n-en-venezuela-

Fuente imagen:

https://lh3.googleusercontent.com/GLJ7pzldIsI5Xk47zJezuGYlYixvdOuodf8Pyi8HX2CQsjhwFXrihSXxG3hZHYEDnRNxdg=s85

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Civismo y política de masas

Civismo y política de masas

La propuesta de conformación de un “Frente Ciudadano” esbozada por la ex presidenta Cristina Fernández en su “retorno a la política” apareció planteada en el escenario mediático progresista como una novedad. Tal vez pueda parecerlo en relación a la tendencia de pejotización extrema que estaban mostrando algunos sectores del kirchnerismo luego del 10 de diciembre, y el silencio atroz de otros. Pero desde el intento de “transversalidad” de Néstor a la incorporación de sectores no peronistas al Frente para la Victoria (FpV), el kirchnerismo siempre osciló en este juego de péndulo, ya no entre una izquierda peronista y los sectores burocrático-conservadores del movimiento, como lo hacía Perón, sino entre un discurso de peronización del FpV, y otro de apertura a otros sectores, con tradiciones diversas. Los doce años pasados, sin embargo, deberían servir al menos para procesar que la transversalidad fracasó, y que el intento de sumar otros sectores solo “engordó”, amplió la dinámica peronista más clásica, amén de que en el peronismo/kirchnerismo no hubo nadie con voluntad política de erigirse en un ala izquierda, que tendiera puentes con otras izquierdas y estuviera inserta en los conflictos sociales.

De hecho, con excepción del Movimiento Evita –políticamente más conservador, puesto su “giro al PJ”, pero socialmente más abierto a otras articulaciones e intervención en luchas sociales- que desde el vamos participó activamente en la conformación de la Central de Trabajadores de la Economía Popular (CTEP), como para poner un ejemplo, el resto del kirchnerismo no supo, no pudo o no quiso erigirse en referencia de masas desde aquellas luchas y procesos de organización que pudieran modificar –al menos parcialmente- las condiciones de vida de quienes integraran esos sectores. Claro, podrá responderse que no hizo falta porque el Estado –en la etapa anterior- se encargaba ya de eso. La primera respuesta que podríamos ensayar ante ese argumento es que entonces esa política de masas no construye un sujeto capaz de defender las conquistas, o peor aún, pugnar por otras nuevas, o por un cambio de rumbo de ser necesario. La segunda: que la coyuntura ha cambiado y que ante el proceso de “sinceramiento” macrista (megadevaluación, tarifazo en los servicios, despidos masivos en el sector público y privado, inflación que come los salarios, criminalización de la protesta social y laboral), no han sido los sectores del kirchnerismo quienes han estado al frente de algunas de las luchas que se vienen librando, como ausentes estuvieron de la mayoría de las luchas durante la “década ganada” que el kirchnerismo no quiso ver, basadas en ejes que muchas veces iban de lleno contra el “modelo”, es cierto, e incluso de su profundización. Y resulta falaz el atajo en la reflexión y en el debate de que a la izquierda del kirchnerismo estaba la pared, o de que esa “izquierda marginal” le hacía el juego a la derecha, más allá de que –por ejemplo- durante el conflicto del gobierno nacional con las patronales agropecuarias y sus aliados algunos sectores de la izquierda jugaron efectivamente con la derecha, no eran precisamente esos sectores los insertos en las luchas a las que hicimos referencia. Además: ¿no coincide el progresismo, los sectores del “campo nacional y popular”, permanentemente con la derecha realmente existente, en la defensa acérrima de esta democracia, de este régimen de partidos y sindicatos?

Por otra parte, el “civismo” liberal que expresa, ya desde el vamos, el nombre de “Frente ciudadano”, da cuenta de una mirada, amplia y extendida que hoy se tiene, es cierto, sobre la política. Además de que parece quedar claro que ese supuesto “espacio ecuménico” tendrá su cierre por arriba en la figura de Cristina como cara unificadora de toda esa diversidad que, se supone, pretende congregar. Esto no quita, y lo hemos dicho en otro texto anterior (http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/04/12/macrismo-kirchnerismo-izquierdas-y-movimientos-sociales), que las izquierdas y los movimientos sociales no tengan como tarea, como desafío, “golpear juntos”, con todos aquellos que enfrenten las políticas macristas, más allá de cuales sean sus estrategias, si es posible coincidir en las tácticas. Pero no queda aún muy en claro si esa voluntad está presente en el conglomerado denominado kirchnerismo.

Por eso resulta, digamos, al menos un poco exagerado cuando José Natanson, en su texto “¿Qué es hoy el kirchnerismo?” (publicado en el diario Página/12 el último domingo), define el “programa del kirchnerismo” como de “oposición dura” contra el macrismo y plantea que con el retorno de Cristina a la escena pública, el kirchnerismo “recuperó su centralidad”, “obligó al resto del peronismo a definirse” y confirmó “que es el único actor político capaz de movilizar multitudes”. Eso, por supuesto, si no estamos dispuestos a reducir la política al discurso.

De nuevo, el debate sobre qué entender por una política de masas, parece instalarse entre las izquierdas, las tendencias nacional-populares, los movimientos sociales y el progresismo. ¿Es ésta movilizar mucha gente? En tal caso: ¿bajo qué objetivos? ¿Con qué dinámicas de participación?

Sobre cómo se respondan en la práctica algunos de estos interrogantes dependerán las líneas a seguir, y por ende, si los caminos se entrecruzan o se bifurcan. Claro que los nombres no siempre expresan de manera directa la construcción, pero si hay algo que al menos intuye este cronista, es que la apelación al concepto de “ciudadano” dan más ganas de salir corriendo que otra cosa… No por huir del debate, sino para buscar unos trapos… y unas botellas de nafta.

Fuente:
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=211670
Fuente imagen:
https://lh3.googleusercontent.com/edCqbNcs5s-7qdvXpXIp0h5i6fKTqZuDlHTdiB3HzIDoRdJ_h9td8i1GytF_6DyXmjKq=s85
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