Por Julie Carriat
L’Unesco entend faire de la reconstruction de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, une démonstration de la force du multilatéralisme, à l’heure où son principe est «parfois remis en cause», a déclaré lundi sa directrice générale, Audrey Azoulay.
Basée à Paris, l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, est chargée notamment de choisir et protéger les sites culturels ou naturels à «valeur universelle exceptionnelle».
Il y a un peu moins d’un an, le retrait des Etats-Unis et d’Israël, qui accusaient l’Unesco de parti pris contre l’Etat hébreu, a porté un coup à l’organisme fondé à la fin de la Seconde Guerre mondiale et plongé dans l’incertitude sa mission de financement.
Bien que les missions de l’agence échappent pour la plupart aux polémiques, l’organisme a été miné ces dernières années par des différends internes entre les 195 pays membres, des tensions qui ont paralysé son travail, notamment en Israël et dans les Territoires palestiniens.
Audrey Azoulay, nommée directrice générale peu après la sortie des Etats-Unis de l’organisation, entend calmer la tempête en revenant à ses missions fondamentales.
La reconstruction de Mossoul, ancien fief de l’Etat islamique en Irak, où les djihadistes ont détruit des sites remarquables comme la grande mosquée Al Nouri et son minaret penché, sera au centre de cette stratégie.
«A l’heure où le multilatéralisme est parfois remis en cause, l’objectif et l’ampleur de cette initiative – «faire revivre l’esprit de Mossoul» – démontre à mon sens tout l’intérêt des organismes multilatéraux comme l’Unesco,» a déclaré la directrice générale à Reuters, avant l’ouverture d’une conférence sur le sujet à Paris.
VALEURS UNIVERSELLES
Avec le gouvernement irakien, l’Unesco espère devenir le principal coordinateur de la reconstruction des monuments emblématiques de la ville millénaire située sur les rives du Tigre, détruits lors des combats qui ont opposé les djihadistes aux forces de la coalition internationale soutenue par les Etats-Unis.
«Nous mobilisons et coordonnons la communauté internationale autour des valeurs universelles d’humanité, là-même, en Irak, où celles-ci ont été bafouées», a souligné Audrey Azoulay, qui entend «restaurer le tissu social, éducatif et culturel» de la ville, sa diversité, notamment par des programmes de prévention de l’extrémisme.
Le gouvernement irakien estime à au moins deux milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) le montant de l’aide nécessaire à la reconstruction de Mossoul. La reconstruction de la Mosquée sunnite Al Nouri bénéficiera pour l’heure d’un financement de 50 millions de dollars des Emirats arabes unis.
Deux églises chrétiennes ainsi qu’un temple yézidi seront aussi reconstruits, tout comme le marché central de la ville et sa bibliothèque.
Mais les tensions politiques à Bagdad depuis les élections législatives du 12 mai, les heurts récents à Bassorah, dans le sud de l’Irak et la persistance de la menace liée à l’EI jettent une ombre sur la faisabilité du projet.
«Nous avons bien entendu pleinement conscience des spécificités de Mossoul et des difficultés sur le terrain (…) Mais c’est justement parce que la situation est encore fragile que nous devons agir», assure Audrey Azoulay.
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